Chapitre I.

L'enfance de Rafael n'est pas quelque chose qu'il aime raconter. Ses parents ne lui ont jamais parlé de sa nature de loup-garou, eux-mêmes peut-être n'en savaient rien. En réalité, il ne parlait de rien avec eux. Sa vie n'était pas des plus heureuses. Son père travaillait peu, sa mère pas du tout, et leurs revenus modestes suffisaient à peine à subvenir à leurs besoins primaires. Rafael allait à l'école certains jours, d'autres non, trop occupé à aider sa mère ou à essayer de gagner un peu d'argent pour sa famille, essayant tant bien que mal de ne pas être le fardeau que son père lui disait qu'il était. Un poids pour sa famille : c'était ce qu'il était selon eux. Une bouche à nourrir, trop jeune pour travailler, son père n'y voyait qu'un gouffre financier. Il n'y avait pas d'amour dans la famille Waithe. Ses parents s'étaient aimés, au début. Mais mariés jeunes ils ne s'étaient rendus compte qu'après que c'était une erreur, et pourtant ils restèrent ensemble. Pas pour Rafael, l'enfant dont ils ne voulaient pas vraiment, mais plutôt par intérêt : sa mère pour l'argent et le toit, son père pour d'autres raisons plus primitives. Mais l'amour avait disparu depuis bien longtemps, et Rafael subissait sans broncher les conséquences d'un père violent. Ce n'était pas l'alcool qui le rendait comme ça, car il ne buvait pas, c'était juste cette haine prononcée envers son fils, et une incapacité à gérer sa propre colère. Et plus Rafael grandissait, moins ses parents s'occupèrent de lui. A neuf ans, il était considéré comme assez grand pour travailler, et donc se nourrir tout seul. L'école n'était plus vraiment une option, et puis de toutes manières il n'avait jamais été très bon. Rafael essaya de gagner de l'argent en faisant des petits boulots à droite à gauche, aidant pour de petites tâches des adultes du coin qui l'avaient pris en pitié. C'est probablement l'un d'eux, lassé de détourner le regard face à cette famille qui ne tournait pas rond, qui finit par alerter les services sociaux. Après quelques interrogatoires, un examen médical et beaucoup d'administratif compliqué pour un enfant de son âge, Rafael se retrouva en maison d'accueil.

Chapitre II.

Rafael fut rapidement placé dans une première famille d'accueil. Cela ne fonctionna pas. On le plaça dans une seconde famille. Cela ne fonctionna pas. Les années continuèrent à filer et Rafael continua de changer de maison, d'école, de parent, une instabilité perpétuelle étant devenue son quotidien. A l'âge de 16 ans, Rafael avait vécu dans six familles différentes, en sept années. Un tempérament violent et un caractère colérique en était probablement la cause. On le plaça finalement chez Hector et Maria Gonzalez, une famille d'accueil qui avait déjà chez eux un autre orphelin : Landon Kirby. L'amitié fraternelle qui se noua entre les deux garçons fut presque instantanée. Ce fut la famille avec laquelle il vécu le plus longtemps, et finalement dans laquelle il eut la vie la plus "normale". Rafael reprit un semblant d'étude, dans une sorte de filière spécialisée pour les enfants peu doués. Il rencontra une jeune fille : Cassie. Il su dès lors que cette fille allait changer sa vie : il n'avait pas idée à quel point.

Il n'en fallut pas beaucoup pour que Rafael sache que Cassie était l'amour de sa vie. Avec elle tout lui paraissait prendre une teinte plus belle, même sa colère s'apaisait lorsqu'elle était là. Le temps de leur relation fut probablement la période la plus heureuse de sa vie. Un jour pluvieux, alors qu'ils étaient en voiture, Rafael et Cassie se disputèrent. Jaloux de nature, il lui en voulait, l'accusant de draguer un autre garçon alors qu'ils étaient ensemble. Le ton monta rapidement entre les deux, et Rafael se laissa une fois de plus emporter par la colère. Il reporta cette colère sur la route, accélérant malgré le sol détrempé, voulant en finir le plus vite possible avec ce trajet malgré la pluie battante. Un autre aurait ralenti dans la tempête, mais pas lui. Il se rappelle ses mains aux jointures blanchies tellement il compressait le volant, son pied sur l'accélérateur, et la colère ambiante qui le prenait à la gorge, la voix énervée de Cassie. Tout. Puis il y eu ce virage, trop serré, pris trop rapidement. A ce moment-là, la voiture bascula, et sa vie avec. Le tonneau. La voiture roula sur elle-même, et finit contre un arbre. Rafael eu à peine le temps de voir le corps de Cassie inanimé, que son esprit s'embrumait. Il perdit connaissance et ce fut la fin.

Chapitre III.

La mort de Cassie détruisit le peu d'estime de soi que Rafael avait. Sans Landon, il aurait probablement finit en dépression, ou pire. Il ne contrôlait pas sa nouvelle identité de loup-garou, pas plus qu'il ne la comprenait. La douleur lui était insupportable, qu'elle soit physique ou morale. Il dormait peu, était de plus en plus irritable, et se laissait aller à ses accès de colère. Landon et lui tentèrent d'écarter de leur vie leurs parents adoptifs. Ils se donnèrent rendez-vous dans une église à Atlanta, les Gonzalez étant pratiquants. Lorsque Rafael arriva, il se mit à prier avec le prêtre, jusqu'à ce qu'il se rende compte que celui-ci n'était pas en train de prier avec lui mais plutôt de tenter de l'exorciser (chose qu'il ne comprit pas de suite par ailleurs). Rafael commença à se transformer sous l'effet combiné de la peur et de l'exorcisme. C'est à ce moment-là que Alaric et Hope débarquèrent dans l'église pour le sauver. Rafael compléta sa transformation et se retrouva entièrement changé en loup, enchaîné pour ne pas faire de mal aux autres. Ce sont eux qui le ramenèrent à l'école Salvatore. Rafael y vit désormais depuis bientôt trois mois et commence à bien se familiariser avec sa condition de loup et d'élève.